
Avoir raison : est-ce si raisonnable ?
8 juin 2024
Temps de lecture : 5 min
2
11
0
Peut-être connaissez-vous cette histoire qui s’est passée il y a quelques décennies dans une université. Ce jour là, tout a basculé, et le destin de l’humanité s’en est trouvé à jamais bouleversé ; enfin presque… C’est en tout cas le sentiment qu’ont ressenti des étudiants en philosophie face à leur professeur, qui venait de leur faire la brillante démonstration de l’existence de dieu. Enfin, une fois pour toutes, la preuve était faite, et rien ni personne ne pourrait désormais s’opposer à cette vérité. Certains étudiants en furent profondément perturbés, quand d’autres se sentirent plutôt rassurés, mais tous durent se rendre à l’évidence : l’affaire était entendue !
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Encore sous le choc de cette révélation, nos étudiants retrouvèrent leur professeur le lendemain, impatients de découvrir les conséquences d’une telle découverte. Quelle ne fût pas leur surprise quand ils prirent conscience, au fil de l’avancement du cours, que leur cher professeur était en train de leur démontrer par A + B que dieu ne pouvait pas exister, et ce avec des arguments qui ne laissaient aucun doute. Ils avaient à présent sous les yeux la preuve irréfutable que dieu n’existe pas !
L’histoire ne dit pas combien de séances de psy il a fallu à ces pauvres étudiants pour se remettre de leurs émotions. Elle ne dit pas non plus à quel moment ce philosophe a eu raison ou tort dans ses démonstrations. Par contre il a sans doute eu bien raison de nous placer face à notre besoin de nous construire des vérités intangibles !
Au cours de mon chemin de vie, j’ai été bien souvent amené à faire valoir auprès d’autrui les vérités auxquelles je m’étais identifié, quitte à passer en force, comme si un besoin vital m’imposait ce comportement, quelles qu'en soient les conséquences. À l’époque, mon besoin de sortir victorieux d’une argumentation avec une autre personne m’empêchait de ressentir le désarroi et le profond malaise que cela provoquait chez cette personne. J’en ressortais aussi malheureux que mon interlocuteur, mais j’avais eu RAISON !
Sacrée victoire ! Chèrement payée, des deux côtés !
Et puis, quelques thérapies aidant, ainsi que quelques stages un peu new-age mais néanmoins efficaces, j’ai pu commencer à expérimenter la joie de me sentir profondément en lien avec autrui, à tel point qu’imposer ma vérité n’avait plus aucun sens pour moi. Dans ces moments d’ouverture et de lâcher-prise, je me suis sentit pleinement disponible et à l’écoute de l’autre, de ses besoins, de ses émotions, tout en me sentant pleinement entendu et accueilli.
La période du covid a été particulièrement riche d’enseignements pour moi, lorsque j’ai vu l'inquiétude ambiante se transformer rapidement en angoisse collective. Les oppositions frontales n’ont pas tardé à se manifester, entre les tenants d’une politique autoritaire cherchant à légitimer ses décisions auprès d’experts détenant une vérité qui semblait être indiscutable, et les réfractaires à ce type d’autorité, qui assenaient avec autant d’intransigeance leurs certitudes.
Personnellement, je n’ai pas les compétences requises pour savoir si un vaccin me sera bénéfique, ou si au contraire il va détériorer ma santé. D’une manière plus générale, je ne sais pas ce qu’il en est des infos diffusées par les médias main-stream, versus les infos véhiculées par les médias regroupés sous le nom de « complotistes ». Je me suis alors retrouvé, avec plusieurs de mes amis, à observer avec perplexité ces deux univers qui semblaient si opposés, tout en cherchant la posture qui serait la plus juste à mon sens… La peur étant visiblement aux manettes dans les deux camps, il fallait donc prendre un peu de distance. La peur peut nous sauver d’un danger immédiat, mais elle peut aussi être mauvaise conseillère, si l’on en croit le proverbe.
Les neurosciences nous apprennent que le stress intense et continu, (tel que vécu dans la période covid) court-circuite notre système immunitaire, notre croissance, nos capacités de raisonnement, de discernement, de créativité et de compassion. Les réflexes archaïques de survie semblent alors être la seule issue proposée par notre inconscient. Ces réflexes nous poussent à des attitudes de soumission à un chef, une autorité « protectrice », une vérité qui rassure, quitte à combattre celle de l’autre par la violence…
Depuis cette période, je suis plus attentif à accueillir les émotions que je perçois chez mes interlocuteurs, au-delà de leurs opinions tranchées. Peur, colère, frustration, perte de confiance dans les autorités censées nous protéger, sont des sentiments que j’ai perçu chez les personnes dites « complotistes ». Profond sentiment d’insécurité chez les « pro-vaccin », et peur d’être jugés comme hérétiques s’ils ne se conformaient pas à la norme.
J’ai donc fait un rêve à la « Luther-King » : que toutes ces émotions soient accueillies sans jugement, avec la plus grande compassion possible, ouvrant alors des espaces de dialogue fructueux, porteurs de solutions bénéfiques à toutes et tous !
C’est tout l’enjeu de la « communication non-violente », des cercles restauratifs, et autres processus visant à nous reconnecter à nos besoins fondamentaux de reliance, compassion, bienveillance, amour… et de les nourrir pleinement.
Personnellement, j’aime nourrir ces besoins par diverses méthodes de relaxation, visualisation, hypnose, méditation, sophrologie, entre autres. Ces processus génèrent spontanément en nous des sentiments de lâcher-prise, de bien-être, et de profonde reconnexion à nos ressources les plus nourrissantes !
Lorsque je suis plongé dans de tels états de conscience, je n’ai à aucun moment l’impression d’ « avoir raison ». Pourtant, tout ce qui se révèle à moi dans ces moments là me semble si juste, si cohérent ! De précieuses informations me sont parfois révélées, comme des évidences, que je recueille délicatement pour rendre mon quotidien plus beau, plus épanouissant, pour moi et pour les autres.
À la lumière des nouvelles découvertes en neurosciences, j’ai compris que ces états élargis de conscience correspondent à un niveau d’ondes cérébrales appelé alpha (voire delta ou gamma dans certains cas). Le relâchement des tensions musculaires et psychiques nous font passer naturellement des ondes bêta aux ondes alpha. Les ondes bêta sont principalement générées par l’activité du cerveau gauche, qui analyse et contrôle. C'est lui qui nous permet de mener à bien nos tâches quotidiennes et de réaliser nos objectifs (le terme « mental » lui est aussi associé). C’est donc un précieux allié lorsqu’il se met au service de nos aspirations les plus profondes, leur permettant de se réaliser concrètement.
Mais que vienne s’immiscer en nous le moindre sentiment d’insécurité et le voilà instantanément transformé en pompier, prenant le contrôle sur toutes les sphères de notre existence, inhibant au passage notre potentiel créatif !
À mon sens, c’est là que cet irrésistible et tragique besoin d’avoir raison trouve son origine. Car avoir raison est bien l’affaire de cette partie rationnelle de notre cerveau, son domaine de compétence.
Alors, quand certaines circonstances viennent solliciter chez moi de vieux réflexes archaïques peu réjouissants, une petite voix m’interpelle et me rassure à la fois :
« Tu n’as pas toujours besoin d’avoir raison ».
« Tu n’as pas systématiquement tort quand tu n’as pas raison ».
« Si cet impérieux besoin d’avoir raison t'apparaît désormais comme une simple stratégie pour te rassurer, alors ne peux-tu pas avoir recours à d’autres stratégies offrant des perspectives plus épanouissantes ? »
Mon envie d’œuvrer au sein de l’association Terre d’éveil est né de ces questionnements. À l’heure où se dessine sous nos yeux les contours d’une nouvelle humanité, je perçois que l’accès à notre potentiel de bien-être, de joie et de bienveillance, si peu exploré jusqu’à lors, constituera une des clés essentielles pour l’émergence d’une nouvelle culture plus réjouissante pour tous les êtres vivants !
Gregg Braden nomme cette exploration de nos capacités sous-jacentes : « technologie interne ». Ce vaste et passionnant sujet fera l’objet d’un autre article.
De nombreuses personnes dans le monde vivent ce «saut qualitatif de conscience», qui se traduit par des initiatives concrètes dans tous les aspects de la société. Je suis enthousiaste et impatient de participer à la co-création de ce nouveau monde, à mon échelle ! Terre d’éveil offre un cadre permettant d’œuvrer dans ce sens, et je me réjouis par avance de vivre cette aventure avec vous ! J’espère que vos retours me donneront « raison » !
Bertrand